Dans un contexte de croissance rapide du secteur, il semble inévitable que le portage salarial suive cette dynamique. D’après le rapport de branche du portage salarial, le nombre de salariés portés augmente d’environ 13 % par an. Ce chiffre est à mettre en corrélation avec le nombre d’entreprises de portage salarial créées.
En effet, on est passé de 225 entreprises de portage salarial en 2015 à plus de 500 aujourd’hui. Ces données montrent que le secteur du portage salarial est dynamique, comme en témoignent les enquêtes auprès des sociétés de portage, dont 70 % se déclarent optimistes quant à l’avenir.
Alors que le portage salarial était peu connu des entreprises clientes, la tendance s’est inversée ces dernières années. Aujourd’hui, 81 % des entreprises de portage salarial constatent une meilleure connaissance de ce statut chez leurs clients, comparé à il y a cinq ans. Cette prise de conscience témoigne de la capacité des entreprises de portage salarial à intégrer ce statut dans le paysage professionnel.
Ainsi, le portage salarial semble s’affirmer comme une alternative crédible aux modèles traditionnels. Il est fort à parier que dans les années à venir, ce statut va être davantage connu auprès du grand public. En effet, selon la fédération des entreprises de portage salarial (FEPS), le chiffre d’affaires du portage salarial dépassera les 17 milliards en 2030.
La question reste désormais de savoir comment ce statut continuera de s’ancrer durablement et d’accompagner les évolutions du monde du travail.
Comment le portage salarial va-t-il accompagner les mutations du travail ?
Dans les années avenir, le portage salarial va devoir opérer une transition pour accompagner les mutations du monde du travail. Ainsi, il devra permettre
Une offre adaptée aux entreprises clientes
De nombreuses entreprises de portage salarial ont progressivement orienté leurs services vers une approche davantage B2B (business-to-business). À l’origine, le portage salarial se concentrait surtout sur l’accompagnement des freelances. mais avec la montée en puissance du freelancing, les entreprises de portage se sont adaptées pour répondre également aux besoins des entreprises clientes.
Ce changement s’explique par la volonté des entreprises clientes, en particulier les ESN, à utiliser le portage salarial pour faire appel à des compétences spécifiques de manière ponctuelle, sans avoir à gérer les contraintes administratives d’un CDI. Cela leur permet de collaborer avec des freelances dans des secteurs exigeant une expertise temporaire.
Le portage salarial a très bien su anticiper cette transition en mettant en place des services adaptés à cette demande spécifique. Le secteur du BtoB regorge d’opportunité et pourrait, dans les années à venir, devenir incontournable pour les sociétés de portage.
Accompagner la reconversion professionnelle
C’est un fait, le modèle traditionnel du salariat n’attire plus les jeunes diplômés. Dans son ouvrage « le salariat, un modèle dépassé » le chercheur Alexandre Chevallier prédit la fin du salariat et l’avènement de l’indépendance. Si lors de sa publication en 2017, le freelance était encore marginal, la crise du covid a changé la donne. En effet, après cette période le nombre de freelance a augmenté passant de 800.000 en 2018 à 1,2 millions en 2021.
Dans un contexte où de nombreux travailleurs souhaitent se reconvertir ou envisagent de diversifier leurs sources de revenus, le portage salarial émerge comme une solution attrayante. Ce statut offre l’opportunité d’acquérir une première expérience en tant que freelance tout en bénéficiant des avantages d’un statut salarié. Il permet ainsi aux professionnels d’explorer de nouveaux secteurs et d’ajuster progressivement leur parcours professionnel en fonction de leurs aspirations et des opportunités du marché. En effet, ce statut permet d’acquérir :
- Accès à une première expérience : le portage salarial permet aux travailleurs de se lancer dans le freelancing sans avoir à créer une entreprise.
- Exploration de nouveaux secteurs : grâce au portage salarial, les professionnels peuvent tester différents secteurs d’activité et missions.
- Ajustement de la trajectoire professionnelle : le portage salarial offre la possibilité de réévaluer régulièrement ses objectifs de carrière.
- Cumuler une activité indépendante et une activité salariée : ce modèle permet aux professionnels de maintenir leur emploi principal tout en exerçant des activités freelance. Cela facilite les transitions de carrière, leur donnant la liberté de tester une nouvelle voie sans abandonner immédiatement la sécurité d’un salaire fixe.
- Sécurisation des revenus : en optant pour le portage salarial, les travailleurs peuvent bénéficier d’une rémunération régulière, ce qui leur permet de gérer leur budget et d’investir dans leur développement professionnel, tout en ayant la tranquillité d’esprit liée aux protections sociales.
Dans les années à venir, le portage salarial risque d’attirer des professionnels en quête de souplesse qui ne souhaitent pas renoncer aux protections du salariat. Si c’est déjà le cas à présent, il est fort possible que le modèle va se démocratiser et permettre une transition en douceur vers l’indépendance.
Conclusion
Le portage salarial se révèle être bien plus qu’un statut alternatif ; il incarne une réponse adaptée aux profondes mutations du monde du travail. En s’inscrivant dans une dynamique où l’autonomie est devenue une des priorités pour de nombreux professionnels.
En effet, il offre un cadre sécurisé pour explorer de nouvelles voies tout en préservant les avantages d’un statut salarié.
Pour aller plus loin :
Portage salarial : un statut qui gagne en popularité